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sés sur le champ avec les effets favorables à notre être, nous ne nous donnons point les mêmes peines pour en chercher les causes que pour découvrir celles qui nous inquiétent ou nous affligent. Ainsi en réfléchissant sur la divinité ce fut toujours sur la cause de ses maux que l’homme médita ; ses méditations furent toujours vaines, parce-que ses maux, ainsi que ses biens, sont des effets également nécessaires des causes naturelles, auxquelles son esprit eût dû plutôt s’en tenir que d’inventer des causes fictives, dont jamais il ne put se faire que des idées fausses, vu qu’il les emprunta toujours de sa propre façon d’être & de sentir. Obstiné à ne voir que lui-même il ne connut jamais la nature universelle dont il ne fait qu’une foible partie.

Un peu de réflexion suffiroit néanmoins pour désabuser de ces idées. Tout nous prouve que le bien & le mal sont en nous des façons d’être dépendantes des causes qui nous remuent & qu’un être sensible est forcé d’éprouver. Dans une nature composée d’êtres infiniment variés, il faut nécessairement que le choc ou la rencontre de matières discordantes trouble l’ordre & la façon d’éxister des êtres qui n’ont point d’analogie avec elles ; elle agit dans tout ce qu’elle fait d’après des loix certaines ; les biens & les maux que nous éprouvons sont des suites nécessaires des qualités inhérentes aux êtres dans la sphère d’actions desquels nous nous trouvons. Notre naissance, que nous nommons un bienfait, est un effet aussi nécessaire que notre mort, que nous regardons comme une injustice du sort ; il est de la nature de tous les êtres analogues de s’unir pour former un tout ; il est de la nature de tous les êtres composés de