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CHAPITRE X

Que les hommes ne peuvent rien conclure des idées qu’on leur donne de la divinité : de l’inconséquence & de l’inutilité de leur conduite à son égard.


Si, comme on vient de le prouver, les idées fausses que l’on s’est faites en tout tems de la divinité, loin d’être utiles, sont nuisibles à la morale, à la politique, au bonheur des sociétés & des membres qui les composent, enfin aux progrès des connoissances humaines ; la raison & notre intérêt devraient nous faire sentir qu’il faut bannir de notre esprit de vaines opinions qui ne seront jamais propres qu’à le confondre & à troubler nos cœurs. Envain se flatteroit-on de parvenir à rectifier les notions théologiques ; fausses dans leurs principes, elles ne sont point susceptibles de réforme. Sous quelque face que l’on présente une erreur, dès que les hommes y attacheront une très grande importance, elle finira tôt ou tard par avoir pour eux des suites aussi étendues que dangeureuses. D’ailleurs, l’inutilité des recherches que dans tous les âges l’on a faites sur la divinité, dont les notions n’ont jamais fait que s’obscurcir de plus en plus pour ceux mêmes qui l’ont le plus méditée ; cette inutilité, dis-je, ne doit-elle pas nous convaincre que ces notions ne sont point à notre portée, & que cet être imaginaire ne sera point mieux connu de nous ou de nos descendans, qu’il ne l’a été de nos ancêtres les