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tôt ou tard par réclamer contre une autorité, qui ne se fait sentir que par des violences. Voici donc comme cette nature, souveraine de tous les êtres, & pour qui tous sont égaux, pourroit parler à l’un de ces monarques superbes, que la flatterie auroit divinisé. " enfant indocile & volontaire ! Pigmée, si fier de commander à des pigmées ! On t’a donc assuré que tu étois un dieu ? On t’a dit que tu étois quelque chose de surnaturel ? Mais sache qu’il n’est rien de supérieur à moi. Considère ta petitesse, reconnois ton impuissance contre le moindre de mes coups. Je puis briser ton sceptre, je puis t’ ôter la vie, je puis réduire ton trône en poudre, je puis dissoudre ton peuple, je puis même détruire la terre que tu habites ; & tu te crois un dieu. Rentre donc en toi-même ; avoue que tu es un homme, fait pour subir mes loix comme le dernier de tes sujets. Apprens donc & n’oublie jamais, que tu es l’homme de ton peuple, le ministre de ta nation, l’interprête & l’exécuteur de ses volontés, le concitoyen de ceux à qui tu n’as droit de commander, que parce qu’ils consentent à t’obéir, en vue du bien-être que tu t’es engagé de leur procurer. Règne donc à cette condition : remplis tes engagemens sacrés. Sois bienfaisant, & sur-tout équitable. Si tu veux que ta puissance soit assurée, n’en abuse jamais ; qu’elle soit circonscrite par les bornes immobiles de la justice éternelle. Sois le père de tes peuples, & ils te chériront comme tes enfans. Mais si tu les négliges ; si tu sépares tes intérêts de ceux de ta grande famille ; si tu refuses à tes sujets le bonheur que tu leur dois, si tu t’armes contr’eux, tu seras, comme tous les tyrans, l’esclave des noirs