Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

lonté publique fait la loi ; la religion leur dit tantôt qu’ils sont des dieux, à qui rien dans ce monde n’a droit de résister, tantôt elle les transforme en des tyrans que le ciel irrité veut qu’on immole à sa colère.

La religion corrompt les princes ; ces princes corrompent la loi, qui, comme eux, devient injuste ; toutes les institutions se pervertissent ; l’éducation ne forme que des hommes vils, aveuglés par des préjugés, épris de vains objets, de richesses, de plaisirs, qu’ils ne peuvent obtenir que par des voies iniques : la nature est méconnue, la raison est dédaignée, la vertu n’est qu’une chimere, bientôt sacrifiée aux moindres intérêts ; & religion, loin de remédier à ces maux qu’elle a fait naître, ne fait que les aggraver encore ; ou bien elle ne cause que des regrets stériles bientôt effacés par elle-même, & forcés de céder au torrent de l’habitude, de l’exemple, des penchans, de la dissipation qui conspirent à entraîner dans le crime tout homme qui ne veut pas renoncer au bien-être.

Voilà comment la religion & la politique ne font que réunir leurs efforts pour pervertir, avilir, empoisonner le cœur de l’homme ; toutes les institutions humaines semblent ne se proposer que de les rendre vils ou méchants. Ne soyons donc point étonnés, si la morale n’est par-tout qu’une spéculation stérile, dont chacun est forcé de se départir dans la pratique, s’il ne veut risquer de se rendre malheureux. Les hommes n’ont des mœurs, que lorsque renonçant à leurs préjugés, ils consultent leur nature ; mais les impulsions continuelles que leurs ames reçoivent à chaque instant de la part des mobiles les