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les autres[1]. La nature propose pour modèle au citoyen, des hommes doués d’ames honnêtes, nobles, énergiques qui ont utilement servi leurs concitoyens ; la religion leur vante des ames abjectes, des pieux enthousiastes, des pénitens frénétiques, des fanatiques, qui, pour des opinions ridicules, ont troublé des empires. La nature dit à l’époux d’être tendre, de s’attacher à la compagne de son sort, de la porter dans son sein : la religion lui fait un crime de sa tendresse, & souvent lui fait regarder le lien conjugal comme un état de souillure & d’imperfection. La nature dit au père de chérir ses enfans, & d’en faire des membres utiles pour la société ; la religion lui dit de les éléver dans la crainte des dieux, & d’en faire des aveugles & des superstitieux, incapables de la servir, mais bien capables de la troubler. La nature dit aux enfans d’honorer, d’aimer, d’écouter leurs parens, d’être les soutiens de leur vieillesse : la religion dit de préférer les oracles de leur dieu, & de fouler père & mère aux pieds, quand il s’agit des intérêts divins. La nature dit au sçavant, occupe-toi des objets utiles, consacre tes veilles à ta patrie, fais pour elle des découvertes avantageuses & propres à perfectionner son sort : la religion lui dit, occupe-toi d’inutiles rêveries, de disputes interminables, de recherches propres à semer la discorde & le carnage, & soutiens opiniâtrement des opinions que tu n’entendras jamais. La nature dit au pervers de rougir de ses vices, de ses penchans honteux, de

  1. Il est aisé de sentir que le culte religieux fait un tort très-réel aux sociétés politiques par la perte du temps, par l’oisiveté et l’inaction qu’il cause et dont il fait un devoir. En effet, la religion suspend les travaux les plus utiles pendant une partie considérable de l’année.