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se convaincre de ce principe, que l’on examine sans préjugés si le systême de l’existence du dieu théologique a jamais pu donner la solution d’aucune difficulté. Les connoissances humaines ont-elles à l’aide de la théologie fait un pas en avant ? Cette science si importante & si sublime n’a-t-elle pas totalement obscurci la morale ? N’a-t-elle pas rendu douteux & problématiques les devoirs les plus essentiels de notre nature ? N’a-t-elle pas indignement confondu toutes les notions du juste & de l’injuste, du vice & de la vertu ? Qu’est-ce en effet que la vertu dans les idées de nos théologiens ? C’est, nous diront-ils, ce qui est conforme à la volonté de l’être incompréhensible qui gouverne la nature. Mais qu’est-ce que cet être dont vous nous parlez sans cesse sans pouvoir le comprendre ; & comment pouvons-nous connoître ses volontés ? Alors ils vous diront ce que cet être n’est point, sans jamais pouvoir vous dire ce qu’il est ; s’ils entreprennent de vous en donner une idée, ils entasseront sur cet être hypothétique une foule d’attributs contradictoires, incompatibles qui en feront une chimere impossible à concevoir ; ou bien ils vous renverront aux révélations surnaturelles par lesquelles ce phantôme a fait connoître ses intentions divines aux hommes. Mais comment prouveront-ils l’autenticité de ces révélations ? Ce sera par des miracles. Comment croire des miracles qui, comme on a vu, sont contraires, même aux notions que la théologie nous donne de sa divinité intelligente, immuable, toute puissante ? En dernier ressort il faudra donc s’en rapporter à la bonne foi des prêtres chargés de nous annoncer les oracles divins. Mais qui nous assurera de leur mission ? Ne sont ce pas eux-mêmes qui s’annoncent pour les interprêtes infaillibles d’un dieu qu’ils avouent ne pas connoître ?