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Si ces dévots insensés se font tort à eux-mêmes & privent la société des secours qu’ils lui doivent, ils sont moins capables, sans doute, que ces fanatiques turbulens & zélés, qui remplis de leurs idées religieuses se croient obligés de troubler le monde & de commettre des crimes réels pour soutenir la cause de leur céleste phantôme. Ce n’est très souvent qu’en outrageant la morale que le fanatique suppose se rendre agréable à son dieu. Il fait consister la perfection ou à se tourmenter lui-même ou à briser en faveur de ses notions bizarres les liens les plus sacrés que la nature ait faits pour les mortels.

Reconnoissons donc que les idées de la divinité ne sont pas plus propres à procurer le bien-être, le contentement & la paix aux individus qu’aux sociétés dont ils sont membres. Si quelques enthousiastes paisibles, honnêtes, inconséquens trouvent des consolations & des douceurs dans leurs idées religieuses, il en est des millions qui, plus conséquens à leurs principes, sont malheureux pendant toute leur vie, perpétuellement assaillie par les tristes idées d’un dieu fatal que leur imagination troublée leur montre à chaque instant. Sous un dieu redoutable un dévot tranquille & paisible est un homme qui n’a point raisonné.

En un mot tout nous prouve que les idées religieuses ont l’influence la plus forte sur les hommes pour les tourmenter, les diviser & les rendre malheureux ; elles échauffent leur esprit, elles enveniment leurs passions sans jamais les retenir que quand elles sont trop foibles pour les entraîner.