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nature, les propriétés des êtres qu’elle renferme, les effets qui peuvent résulter de leurs combinaisons ? Sçavons-nous pourquoi l’aimant attire le fer ? Sommes-nous en état d’expliquer les phénomènes de la lumière, de l’électricité, de l’élasticité ? Connoissons-nous le méchanisme qui fait que la modification de notre cerveau que nous nommons volonté met nos bras en action ? Pouvons-nous nous rendre compte comment notre oeil voit, notre oreille entend, notre esprit conçoit ? Si nous sommes incapables de nous rendre raison des phénomènes les plus journaliers que la nature nous présente, de quel droit lui refuseroit-on le pouvoir de produire par elle-même & sans le secours d’un agent étranger plus inconnu qu’elle-même, d’autres effets incompréhensibles pour nous ? En serons-nous plus instruits, quand toutes les fois que nous verrons un effet dont nous ne pourrons point démêler la vraie cause, on nous dira que cet effet est produit par la puissance ou la volonté de Dieu, c’est-à-dire vient d’un agent que nous ne connoissons point, & dont jusqu’ici l’on n’a pu nous donner encore bien moins d’idées que de toutes les causes naturelles ? Un son auquel nous ne pouvons attacher aucun sens fixe, suffit-il donc pour éclaircir des problèmes ? Le mot dieu peut-il signifier autre chose que la cause impénétrable des effets qui nous étonnent & que nous ne pouvons expliquer ? Quand nous serons de bonne foi avec nous-mêmes, nous serons toujours forcés de convenir que c’est uniquement l’ignorance où l’on fut des causes naturelles & des forces de la nature qui donna la naissance aux dieux ; c’est encore l’impossibilité où la plûpart des hommes se trouvent de se tirer de cette ignorance, de se faire des idées simples de la formation des choses, de