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prêta à leurs frénésies. Ceux-ci toujours remuans, ambitieux, intolérans l’excitèrent à ravager ses propres états, ils l’encouragèrent à la tyrannie ; ils le réconcilièrent avec le ciel quand il craignit de l’avoir outragé. Ainsi lorsque deux puissances rivales se réunirent, la morale n’y gagna rien ; les peuples ne furent ni plus heureux ni plus vertueux ; leurs mœurs, leur bien-être, leur liberté furent accablés sous les forces réunies du dieu du ciel & du dieu de la terre. Les princes toujours intéressés au maintien des opinions théologiques, si flatteuses pour leur orgueil & si favorables à leur pouvoir usurpé, firent pour l’ordinaire cause commune avec leurs prêtres ; ils crurent que le systême religieux qu’ils adoptoient eux-mêmes devoit être le plus utile à leurs intérêts ; ils traitèrent en ennemis ceux qui refusèrent de l’adopter. Le souverain le plus religieux devint soit par politique soit par piété le bourreau d’une partie de ses sujets ; il se fit un saint devoir de tyranniser la pensée, d’accabler & d’écraser les ennemis de ses prêtres, qu’il crut toujours les ennemis de sa propre autorité. En les égorgeant il s’imagina satisfaire en même-tems à ce qu’il devoit au ciel & à sa propre sûreté. Il ne vit pas qu’en immolant des victimes à ses prêtres, il fortifioit les ennemis de son pouvoir, les rivaux de sa puissance, les moins soumis de ses sujets.

En effet, d’après les notions fausses dont les esprits des souverains & des peuples superstitieux sont depuis si longtems préoccupés, nous trouvons que tout dans la société concourt à satisfaire l’orgueil, l’avidité, la vengeance du sacerdoce. Partout nous voyons que les hommes les plus remuans, les plus dangereux, les plus inutiles sont