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jouent de la bonne foi ? Dans les alliances que forment entre eux ces souverains divinisés trouvons-nous l’ombre de sincérité ? Dans ces princes, lors même qu’ils sont le plus humblement soumis à la superstition, rencontrons-nous la moindre vertu réelle ? Nous n’y voyons que des brigands trop orgueilleux pour être humains, trop grands pour être justes, qui se font un code à part de perfidies, de violences, de trahïsons ; nous n’y voyons que des méchans prêts à se surprendre & à se nuire ; nous ne trouvons que des furieux toujours en guerre, & pour les plus futiles intérêts appauvrissant leurs peuples & s’arrachant les uns aux autres les lambeaux sanglans des nations ; on diroit qu’ils se disputent à qui fera le plus de malheureux sur la terre ! Enfin lassés de leurs propres fureurs ; ou forcés à la paix par la main de la nécessité, ils attestent dans des traités insidieux le nom de Dieu, prêts à violer leurs sermens solemnels, dès que le plus foible intérêt l’exigera[1].

Voilà comme l’idée de Dieu en impose à ceux qui se disent ses images, qui prétendent n’avoir de comptes à rendre de leurs actions qu’à lui seul ! Parmi ces représentans de la divinité à peine dans des milliers d’années s’en trouve-t-il un seul qui ait l’équité, la sensibilité, les talens & les vertus les plus ordinaires. Les peuples abrutis par la su-

    guerre. Bien plus, le clergé serait bien fâché que l’on suivit à la lettre les maximes de l’Evangile, ou de la douceur chrétienne, qui ne s’accorderait nullement avec se.s intérêts. Ce clergé a besoin de soldats pour faire valoir ses dogmes et ses droits. Cela nous prouve à quel point la religion est propre à en imposer aux passions des hommes !

  1. Nihil est quod credere de se non possit, cum laudatur dis æqua potestas Juvenal. Sat. IV, ver 70.