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invariable, sur la raison : la morale des dieux sera toujours nuisible à la terre ; des dieux cruels ne peuvent être bien servis que par des sujets qui leur ressemblent. Que deviennent donc les grands avantages que l’on s’imagine résulter des notions qu’on nous donne sans cesse de la divinité ! Nous voyons que toutes les nations reconnoissent un dieu souverainement méchant, & pour se conformer à ses vues elles foulent continuellement aux pieds les devoirs les plus évidens de l’humanité ; il sembleroit que ce n’est que par des crimes & des frénésies qu’elles espèrent attirer sur elles les graces de l’intelligence souveraine dont on leur vante la bonté. Dès qu’il s’agit de la religion, c’est-à-dire d’une chimere que son obscurité a fait mettre au-dessus de la raison & de la vertu, les hommes se font un devoir de lâcher la bride à toutes leurs passions ; ils méconnoissent les préceptes les plus clairs de la morale aussitôt que leurs prêtres leur font entendre que la divinité leur commande le crime, ou que c’est par des forfaits qu’ils pourront obtenir le pardon de leurs fautes.

En effet ce n’est pas dans ces hommes révérés, répandus sur toute la terre pour lui annoncer les oracles du ciel, que nous trouverons des vertus bien réelles. Ces illuminés, qui se disent les ministres du très-haut, ne prêchent souvent que la haine, la discorde & la fureur en son nom : la divinité, loin d’influer d’une façon utile sur leurs propres mœurs, ne fait communément que les rendre plus ambitieux, plus avides, plus endurcis, plus opiniâtres, plus vains. Nous les voyons sans cesse occupés à faire naître des animosités par leurs inintelligibles querelles. Nous les