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trempe que toutes les nations adorent. Aussi voyons-nous en conséquence de ces principes qu’en tout pays la religion, loin de favoriser la morale, l’ébranle & l’anéantit. Elle divise les hommes au lieu de les réunir ; au lieu de s’aimer & de se prêter des secours mutuels, ils se disputent, ils se méprisent, ils se haïssent, ils se persécutent, ils s’égorgent très souvent pour des opinions également insensées : la moindre différence dans leurs notions religieuses les rend dès lors ennemis, les sépare d’intérêts, les met continuellement aux prises. Pour des conjectures théologiques des nations deviennent opposées à d’autres nations ; le souverain s’arme contre ses sujets ; les citoyens font la guerre à leurs concitoyens ; les pères détestent leurs enfans, ceux-ci plongent le glaive dans le sein de leurs pères ; les époux sont désunis, les parens se méconnoissent, tous les liens sont rompus ; la société se déchire de ses propres mains, tandis qu’au milieu de ces affreux désordres chacun prétend se conformer aux vues du dieu qu’il sert, & ne se fait aucun reproche des crimes qu’il commet pour sa cause.

Nous retrouvons le même esprit de vertige & de frénésie dans les rites, les cérémonies, les pratiques que tous les cultes du monde semblent mettre fort au dessus des vertus sociales ou naturelles. Ici des mères livrent leurs propres enfans pour repaître leur dieu ; là des sujets s’assemblent en cérémonie pour consoler leur dieu des prétendus outrages qu’ils lui ont faits en lui immolant des victimes humaines. Dans un autre pays pour appaiser la colère de son dieu, un frénétique se déchire & se condamne pour la vie à des tourmens rigoureux. Le Jehovah du juif est un ty-