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punité se permet une suite de mauvaises actions se trompe, vu qu’il est toujours forcé de se punir lui-même, & que d’ailleurs il ne peut savoir où il s’arrêtera. Nous avons montré que les châtimens que pour son intérêt la société est en droit d’infliger à tous ceux qui la troublent, sont pour les hommes insensibles aux charmes de la vertu ou aux avantages qui en résultent, des obstacles plus réels, plus efficaces & plus présens que la prétendue colère ou les châtimens éloignés d’une puissance invisible, dont l’idée s’efface toutes les fois qu’on se croit sûr de l’impunité en ce monde. Enfin il est aisé de sentir qu’une politique fondée sur la nature de l’homme & de la société, armée de loix équitables, vigilante sur les mœurs des hommes, fidelle à récompenser la vertu & à punir le crime, seroit bien plus propre à rendre la morale respectable & sacrée que l’autorité chimérique de ce dieu que tout le monde adore & qui ne contient jamais que ceux qui sont déjà suffisamment retenus par un tempérament modéré & par des principes vertueux.

D’un autre côté nous avons prouvé que rien n’étoit plus absurde & plus dangereux que d’attribuer à la divinité des qualités humaines, qui dans le fait se trouvent continuellement démenties ; une bonté, une sagesse, une équité, que nous voyons à chaque instant contrebalancées ou contredites par une méchanceté, par des désordres, par un despotisme injuste, que tous les théologiens du monde ont de tout tems attribué à cette même divinité. Il est donc aisé d’en conclure qu’un dieu, que l’on nous montre sous des aspects si différens, ne peut être le modèle de la conduite des hommes, & que son caractère moral ne peut