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c’est dans la nature que nous trouvons les devoirs, sans lesquels nous ne pouvons vivre heureux dans la sphère où cette nature nous a placés. Hors de la nature nous ne trouvons que des chimeres nuisibles qui nous rendent incertains sur ce que nous nous devons à nous-mêmes, & sur ce que nous devons aux êtres avec qui nous sommes associés.

La nature n’est donc point pour nous une marâtre ; nous ne dépendons point d’un destin inexorable. Adressons-nous à la nature, elle nous procurera une foule de biens, lorsque nous lui rendrons les honneurs qui lui sont dus : elle nous fournira de quoi soulager nos maux physiques & moraux, quand nous voudrons la consulter : elle ne nous punit ou ne nous montre des rigueurs que lorsque nous la méprisons pour prostituer notre encens aux idoles que notre imagination élève sur le thrône qui lui appartient. C’est par l’incertitude, la discorde, l’aveuglement & le délire qu’elle châtie visiblement tous ceux qui mettent un dieu funeste à la place qu’elle devroit occuper.

En supposant même pour un instant cette nature inerte, inanimée, aveugle, ou si l’on veut en faisant du hazard le dieu de l’univers, ne vaudroit-il pas mieux dépendre du néant absolu que d’un dieu nécessaire à connoître & dont on ne peut se faire aucune idée, ou à qui, dès qu’on veut s’en former une, l’on est forcé d’attacher les notions les plus contradictoires, les plus désagréables, les plus révoltantes, les plus nuisibles au repos des humains ? Ne vaut-il pas mieux dépendre du destin ou de la fatalité que d’une in-