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siéme lieu, que par miracle les théologiens de tous les pays prétendent indiquer, non une opération extraordinaire de la nature, mais un effet directement opposé aux loix de cette nature, à qui l’on assûre néanmoins que Dieu a prescrit ses loix[1]. D’un autre côté, si Dieu dans celles de ses œuvres qui nous surprennent ou que nous ne comprenons pas ne fait que mettre en jeu des ressorts inconnus aux hommes ; il n’est rien dans la nature qui dans ce sens ne puisse être regardé comme un miracle, vû que la cause qui fait qu’une pierre tombe nous est aussi inconnue que celle qui fait tourner notre globe. Enfin si Dieu, lorsqu’il fait un miracle, ne fait que profiter des connoissances qu’il a de la nature pour nous surprendre ; il agit simplement comme quelques hommes plus rusés que les autres ou plus instruits que le vulgaire, qui l’étonnent par leurs tours & par leurs secrets merveilleux, en se prévalant de son ignorance ou de son incapacité. Expliquer les phénomènes de la nature par des miracles, c’est dire qu’on ignore les vraies causes de ces phénomènes ; les attribuer à un dieu, c’est convenir qu’on ne connoît point les ressources de la nature, & que l’on a besoin d’un mot pour les désigner, c’est croire à la magie. Attribuer à un être souverainement intelligent, immuable, prévoyant & sage des miracles par lesquels il déroge à ses loix, c’est anéantir en lui ces qualités. Un dieu tout puissant n’auroit pas besoin de miracles pour gouverner le monde, ni pour convaincre ses créatures dont

  1. Un miracle, dit Buddeus, est une opération par laquelle sont suspendues les lois de la nature dont dépendent l’ordre et la conservation de l’univers. V. Traité De L’athéisme, Page 140.