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il le voudroit, anéantir ses décrets immuables ou revenir sur ses pas ? Exigerons-nous que pour nous plaire il fasse agir les êtres d’une façon opposée à l’essence qu’il leur donne ? Peut-il empêcher qu’un corps dur par sa nature, tel qu’une pierre, ne blesse en tombant un corps frêle, tel qu’est la machine humaine dont l’essence est de sentir ? Ainsi ne demandons point de miracles à ce dieu quel qu’il soit ; malgré la toute puissance qu’on lui suppose, son immutabilité, s’opposeroit à l’exercice de son pouvoir ; sa bonté s’opposeroit à l’exercice de sa justice sévère ; son intelligence s’opposeroit aux changemens qu’il voudroit faire dans son plan. D’où l’on voit que la théologie, à force d’attributs discordans, fait elle-même de son dieu un être immobile, inutile pour l’homme, à qui les miracles sont totalement impossibles.

On nous dira, peut-être, que la science infinie du créateur de toutes choses, connoît dans les êtres qu’il a formés des ressources cachées aux mortels imbécilles, & que sans rien changer ni aux loix de la nature ni aux essences des choses, il est en état de produire des effets qui surpassent notre foible entendement, sans pourtant que ces effets soient contraires à l’ordre qu’il a lui-même établi. Je réponds que tout ce qui est conforme à la nature des êtres ne peut être appellé ni surnaturel ni miraculeux. Bien des choses sont, sans doute, au-dessus de notre conception, mais tout ce qui se fait dans le monde est naturel, & peut être bien plus simplement attribué à la nature même qu’à un agent dont nous n’avons aucune idée. Je réponds en second lieu que par le mot miracle l’on désigne un effet dont, faute de connoître la nature, on la croit incapable. Je réponds en troi-