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nation plus vive, supposent des rapports plus particuliers entre l’agent universel & l’espèce humaine ; chacun d’eux, suivant la fécondité de son génie, étend ou diminue ces rapports, suppose des devoirs de l’homme envers son créateur, croit que pour lui plaire il faut imiter sa bonté prétendue & faire comme lui du bien à ses créatures. Quelques-uns s’imaginent que ce dieu étant juste réserve des récompenses à ceux qui font du bien, & des châtimens à ceux qui font du mal à leurs semblables. D’où l’on voit que ceux-ci humanisent un peu plus que les autres leur divinité, en la faisant semblable à un souverain qui punit ou récompense ses sujets, suivant leur fidélité à remplir leurs devoirs & les loix qu’il leur impose : ils ne peuvent, comme les déistes purs, se contenter d’un dieu immobile & indifférent ; il leur faut un dieu plus rapproché d’eux-mêmes, ou qui du moins leur puisse servir à s’expliquer quelques-unes des énigmes que ce monde leur présente. Comme chacun de ces spéculateurs, que nous nommerons théistes pour les distinguer des premiers, se fait, pour ainsi dire, un systême à part de religion, ils ne sont aucunement d’accord sur leurs cultes ni sur leurs opinions ; il se trouve entre eux des nuances souvent imperceptibles qui, depuis le déisme simple conduisent quelques-uns d’entre eux jusqu’à la superstition ; en un mot peu d’accord avec eux-mêmes ils ne sçavent à quoi se fixer[1].

  1. ) Il est aîsé de s’apercevoir que les écrits des tfteïstes et des déistes sont communément aussi remplis de paralogismes et de contradictions que ceux, des théologiens ; leurs systèmes sont souvent de la dernière inconséquence. Les uns disent que tout est nécessaire, nient la spiritualité et l’immortaJité de l’ame, refusent de croire la liberté de l’homme. Ne pourrait-on pas leur demander duns ce cas à quoi peut servir leur Dieu ? Ils ont besoin d’un mot que l’habitude