Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’ils sont à portée de soumettre à l’expérience ; nous ne voyons point de disputes sur les principes de la géométrie ; les vérités évidentes & démontrées ne varient point dans notre esprit ; nous ne doutons jamais que la partie ne soit moins grande que le tout, que deux & deux fassent quatre, que la bienfaisance ne soit une qualité aimable, que l’équité ne soit nécessaire aux hommes en société. Mais nous ne trouvons que disputes, qu’incertitudes, que variations dans tous les systêmes qui ont la divinité pour objet ; nous ne voyons nulle harmonie dans les principes de la théologie ; l’existence de Dieu que l’on nous annonce par-tout comme une vérité évidente & démontrée, ne l’est que pour ceux qui n’ont point examiné les preuves sur lesquelles on la fonde. Ces preuves paroissent souvent fausses ou foibles à ceux-mêmes qui d’ailleurs ne doutent aucunement de cette existence ; les inductions ou les corollaires que l’on tire de cette prétendue vérité si démontrée ne sont point les mêmes pour deux peuples ou même pour deux individus ; les penseurs de tous les siècles & de tous les pays se querellent sans cesse entre eux sur la religion, sur leurs hypothèses théologiques, sur les vérités fondamentales qui leur servent de base, sur les attributs & les qualités d’un dieu dont ils se sont vainement occupés, & dont l’idée varie continuellement dans leur propre cerveau.

Ces disputes & ces variations perpétuelles devroient au moins nous convaincre que les idées de la divinité n’ont ni l’évidence ni la certitude qu’on leur attribue, & qu’il peut être permis de douter de la réalité d’un être que les hommes voyent si diversement, sur lequel ils ne sont ja-