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ils ne sont propres qu’à contenter des hommes dépourvus d’expérience, trop paresseux ou trop timides pour étudier la nature & ses voies ; à des enthousiastes dont l’imagination curieuse se plait à s’élancer hors du monde visible pour courir après des chimeres. Enfin ces mots ne sont utiles qu’à ceux dont l’unique profession est de repaître les oreilles du vulgaire de mots pompeux qu’ils n’entendent point eux-mêmes, & sur le sens desquels ils ne sont jamais d’accord.

L’homme est un être matériel ; il ne peut avoir des idées quelconques que de ce qui est matériel comme lui ; c’est-à-dire, de ce qui peut agir sur ses organes, ou de ce qui a du moins des qualités analogues aux siennes. En dépit de lui-même, il assigne toujours des propriétés matérielles à son dieu, que l’impossibilité de le saisir lui a fait supposer spirituel & distinguer de la nature ou du monde matériel. En effet, ou il faut consentir à ne pas s’entendre soi-même, ou il faut avoir des idées matérielles d’un dieu que l’on suppose le créateur, le moteur, le conservateur de la matière : l’esprit humain a beau se mettre à la torture, il ne comprendra jamais que des effets matériels puissent partir d’une cause immatérielle, ou que cette cause puisse avoir des rapports avec des êtres matériels. Voilà, comme on a vu, pourquoi les hommes se croyent forcés de donner à leur dieu les qualités morales qu’ils ont eux-mêmes ; ils oublient que cet être purement spirituel, ne peut avoir dès lors, ni leur organisation, ni leurs idées, ni leurs façons de penser & d’agir, & que par conséquent il ne peut avoir ce qu’ils nomment intelligence, sagesse, bonté, colère, justice, etc. Ainsi dans le vrai les qualités morales que l’on at-