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produire les météores & la foudre. Il est de l’essence de quelques matières inflammables de s’amasser, de fermenter, de s’échauffer, de s’allumer dans les cavernes de la terre, de produire ces explosions terribles & ces tremblemens de terre qui détruisent les montagnes, les champs & les demeures des nations allarmées ; celles-ci se plaignent à un être inconnu des maux qu’une nature nécessaire leur fait éprouver aussi nécessairement que les biens qui les remplissent de joie. Enfin il est de l’essence de certains climats de produire des hommes tellement organisés & modifiés qu’ils deviennent ou très utiles ou très nuisibles à leur espèce de même que c’est le propre de certaines portions de sol de faire naître des fruits agréables ou des poisons dangereux.

En tout cela la nature n’a point de but ; elle existe nécessairement ; ses façons d’agir sont fixées par des loix qui découlent elles-mêmes des propriétés constitutives des êtres variés qu’elle renferme, & des circonstances que le mouvement continuel doit nécessairement amener. C’est nous qui avons un but nécessaire, c’est de nous conserver nous-mêmes ; c’est sur ce but que nous réglons toutes les idées que nous nous formons des causes qui agissent sur nous & que nous les jugeons. Animés & vivans nous-mêmes, semblables aux sauvages, nous prêtons une ame & de la vie à tout ce qui agit sur nous : pensans & intelligens nous-mêmes, nous prêtons à tout de l’intelligence & de la pensée ; mais comme nous en voyons la matière incapable, nous la supposons mue par un autre agent ou cause que nous faisons toujours semblable à nous. Nécessairement attirés par ce qui nous est avantageux & repoussés par ce qui nous