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quels ils agiroient s’ils en étoient les maîtres ; c’est de cette théantropie que sont découlées toutes les idées absurdes & souvent dangereuses sur lesquelles sont fondées toutes les religions du monde, qui toutes adorent dans leur dieu un homme puissant & méchant. Nous verrons par la suite les funestes effets qui ont résulté pour l’espèce humaine des idées que l’on s’est faites de la divinité, que l’on n’a jamais envisagée que comme un souverain absolu, un despote, un tyran. Quant à présent continuons d’examiner les preuves que nous donnent les déicoles de l’existence de leur dieu, qu’ils s’imaginent voir par-tout.

Ils ne cessent en effet de nous répéter que ces mouvemens réglés, que cet ordre invariable que l’on voit régner dans l’univers, que ces bienfaits dont les hommes sont comblés, annoncent une sagesse, une intelligence, une bonté que l’on ne peut refuser de reconnoître dans la cause qui produit ces effets si merveilleux. Nous répondrons que les mouvemens réglés que nous voyons dans l’univers sont des suites nécessaires des loix de la matière ; elle ne peut cesser d’agir comme elle fait tant que les mêmes causes agissent en elle ; ces mouvemens cessent d’être réglés, l’ordre fait place au désordre, dès que de nouvelles causes viennent troubler ou suspendre l’action des premières. L’ordre, comme on l’a fait voir ailleurs, n’est que l’effet qui résulte pour nous d’une suite de mouvemens ; il ne peut y avoir de désordre réel relativement au grand ensemble où tout ce qui se fait est nécessaire & déterminé par des loix que rien ne peut changer. L’ordre de la nature peut bien se démentir ou se détruire pour nous ; mais jamais il ne se dément pour elle, puisqu’elle ne