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gnons du désordre, les causes finales s’évanouissent. Nous supposons au dieu immuable des motifs pareillement empruntés de notre propre façon d’agir, pour déranger le bel ordre que nous admirions dans l’univers. Ainsi c’est toujours en nous-mêmes, c’est dans notre façon de sentir que nous puisons les idées de l’ordre, les attributs de sagesse, d’excellence & de perfections que nous donnons à Dieu, tandis que tout le bien & le mal qui nous arrivent dans le monde sont des suites nécessaires des essences des choses & des loix générales de la matière ; en un mot de la gravité, de l’attraction & de la répulsion des loix du mouvement, que Newton lui-même a si bien développées, mais qu’il n’a plus osé appliquer dès qu’il a été question du phantôme à qui le prejugé fait honneur de tous les effets dont la nature est elle-même la vraie cause.

" nous révérons & nous adorons Dieu à cause de sa souveraineté : nous lui rendons un culte comme ses esclaves ; un dieu destitué de souveraineté, de providence & de causes finales ne seroit que la nature & le destin. "

Il est vrai que nous adorons Dieu comme des esclaves ignorans, qui tremblent sous un maître qu’ils ne connoissent pas ; nous le prions follement, quoiqu’on nous le représente comme immuable ; quoique, dans le vrai, ce dieu ne soit autre chose que la nature agissante par des loix nécessaires, la nécessité personnifiée ou le destin à qui l’on a donné le nom de Dieu.

Cependant Newton nous dit " d’une nécessité physique & aveugle qui seroit partout & toujours la même, il ne pourroit sortir aucune va-