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Voyons donc maintenant si l’immortel Newton nous donnera des idées plus vraies & des preuves plus sûres de l’existence de Dieu. Cet homme, dont le vaste génie a deviné la nature & ses loix, s’est égaré dès qu’il les a perdu de vue : esclave des préjugés de son enfance, il n’a pas osé porter le flambeau de ses lumières sur la chimere qu’on avoit gratuitement associé à cette nature ; il n’a pas reconnu que ses propres forces lui suffisoient pour produire tous les phénomènes qu’il avoit lui-même si heureusement expliqués. En un mot le sublime Newton n’est plus qu’un enfant quand il quitte la physique & l’évidence pour se perdre dans les régions imaginaires de la théologie. Voici comment il parle de la divinité[1].

« Ce Dieu, dit-il, gouverne tout, non comme l’ame du monde, mais comme le seigneur et le souverain de toutes choses. C’est à cause de sa souveraineté qu’on l’appelle le seigneur Dieu, » Παντοκρατωρ, l’empereur universel. En effet, le mot Dieu est relatif et se rapporte à des esclaves ; la déite est la domination ou la souveraineté de Dieu, non sur son propre corps, comme le pensent ceux qui regardent Dieu comme l’ame du monde, mais sur des esclaves. »

L’on voit de là que Newton, ainsi que tous les théologiens, fait de son dieu, du pur esprit qui préside à l’univers, un monarque, un suserain, un despote, c’est-à-dire, un homme puissant, un prince dont le gouvernement a pour mo-

  1. Voyez principia mathemetica, pag. 528 & seqq. édit. de Londres de l’année 1726