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fois des sujets d’alarmes pour tous les peuples de la terre ; ces effets, si naturels aux yeux de la saine philosophie qui peu-à-peu en a démêlé les vraies causes, sont encore en droit d’alarmer la partie la plus nombreuse, & la moins instruite des nations modernes ; le peuple, ainsi que ses ignorans ancêtres, trouve du merveilleux & du surnaturel dans tous les objets auxquels ses yeux ne sont point accoutumés, ou dans toutes les causes inconnues qui agissent avec une force dont il n’imagine pas que les agens connus puissent être capables. Le vulgaire voit des merveilles, des prodiges, des miracles, dans tous les effets frappans dont il ne peut se rendre compte ; il nomme surnaturelles toutes les causes qui les produisent, ce qui signifie simplement qu’il n’est point familiarisé avec elles, qu’il ne les connoît pas, ou que dans la nature il n’a point vû d’agens dont l’énergie fut capable de produire des effets aussi rares que ceux dont ses yeux sont frappés.

Outre les phénomènes naturels & ordinaires dont les nations furent témoins sans en deviner les causes, elles ont, dans des tems très éloignés de nous, éprouvé des calamités, soit générales soit particulières, qui durent les plonger dans la consternation & dans les inquiétudes les plus cruelles. Les annales & les traditions de tous les peuples du monde leur rappellent encore aujourd’hui des événemens physiques, des désastres, des catastrophes, qui ont dû répandre la terreur dans l’esprit de leurs ancêtres. Si l’histoire ne nous apprenoit point ces grandes révolutions, nos yeux ne suffiroient-ils pas pour nous convaincre que toutes les parties de notre globe ont été, & sui-