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le puiſſe s’anéantir, nous ne pouvons pas concevoir qu’elle ait pu commencer d’exiſter. 4°. Que nous ne connoiſſons point l’eſſence ni la vraie nature de la matiere, quoique nous ſoyons à portée de connoître quelques-unes de ſes propriétés & qualités d’après la façon dont elle agit ſur nous, ce que nous ne pouvons point dire de Dieu. 5°. Que la matiere étant ſans commencement, n’aura jamais de fin, quoique ſes combinaiſons & ſes formes commencent & finiſſent. 6°. Que ſi tout ce qui exiſte, ou tout ce que notre eſprit peut concevoir eſt matiere, cette matiere eſt infinie, c’eſt-à-dire ne peut être bornée par rien : qu’elle eſt préſente par-tout, s’il n’y a point de lieu hors d’elle ; s’il y avoit en effet un lieu hors d’elle, ce ſeroit le vuide & alors Dieu seroit le vuide. 7°. Que la nature eſt unique, quoique ſes élémens ou ſes parties ſoient infiniment variées & douées de propriétés très différentes. 8°. Que la matiere modifiée, arrangée, combinée d’une certaine façon produit dans quelques êtres ce que nous appellons l’intelligence ; c’eſt une de ſes façons d’être, mais ce n’eſt pas une de ſes propriétés eſſentielles. 9°. Que la matiere n’eſt point un agent libre, puiſqu’elle ne peut agir autrement qu’elle ne fait en vertu des loix de ſa nature ou de ſon exiſtence ; & qu’ainſi les corps graves doivent néceſſairement tomber, les corps légers doivent s’élever, le feu doit brûler, l’homme doit ſentir le bien & le mal, ſuivant la nature des êtres dont il éprouve l’action. 10°. que la puiſſance ou l’énergie de la matiere n’a d’autres bornes que celles que leur preſcrit ſa nature même. 11°. Que la ſageſſe, la juſtice, la bonté, &c. ſont des qualités propres à la matiere combinée