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expliquer la nature est perpétuellement en contradiction avec cette nature, & qu’au lieu de tout expliquer il ne sert qu’à tout embrouiller.

Selon Clarcke lui-même, le néant est ce dont on ne peut rien affirmer avec vérité, & dont on peut tout nier véritablement ; tellement que l’idée du néant est, pour ainsi dire, la négation d’absolument toutes les idées ; l’idée du néant fini ou infini est donc une contradiction dans les termes. Que l’on applique ce principe à ce que notre auteur a dit de la divinité, & l’on trouvera que de son aveu même elle est le néant infini, puisque l’idée de cette divinité est la négation d’absolument toutes les idées que les hommes sont capables de se former. La spiritualité n’est en effet qu’une pure négation de la corporéité ; en disant que Dieu est spirituel n’est-ce pas nous dire qu’on ne sçait pas ce qu’il est ? On nous dit qu’il y a des substances que nous ne pouvons ni voir ni toucher & qui n’en existent pas moins pour cela. à la bonne heure ; mais dès lors nous ne pouvons ni en raisonner ni leur assigner des qualités. Conçoit-on mieux l’infinité, qui est une pure négation des limites que nous trouvons dans tous les êtres ? L’esprit humain peut-il comprendre ce que c’est que l’infini, & pour s’en former une espèce d’idée confuse, n’est-il pas obligé de joindre des quantités bornées à d’autres quantités qu’il ne conçoit encore que bornées ? La toute-puissance, l’éternité, l’omniscience, la perfection sont-elles donc autre chose que des abstractions ou des pures négations des bornes dans la force, dans la durée, dans la science ? Si l’on prétend que Dieu n’est rien de ce que l’homme peut connoître, peut voir, peut sentir ; si l’on ne peut rien en dire de