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nuels, ou bien il faudra dire qu’il consſent au péché, qu’il veut qu’on l’offenſe, qu’il ſouffre que les hommes gênent ſa liberté & dérangent ſes projets. Comment les Théologiens ſe tireront-ils de ces embarras ?

D’un autre côté, le Dieu que l’on ſuppoſe ne peut agir qu’en conſéquence des loix de ſa propre exiſtence ; on pourroit donc l’appeller un être libre, en tant que ſes actions ne ſeroient déterminées par rien qui ſeroit hors de lui, mais ce ſeroit abuſer viſiblement des termes : en effet on ne peut point dire qu’un être qui ne peut point agir autrement qu’il ne fait, & qui jamais ne peut ceſſer d’agir qu’en vertu des loix de ſon exiſtence propre, ſoit un être libre, il eſt évidemment néceſſité dans toutes ſes actions. Demandons à un Théologien ſi Dieu peut récompenſer le crime & punir la vertu ? Demandons lui encore ſi Dieu peut aimer le péché, ou s’il eſt libre, lorſque l’action d’un homme produit néceſſairement en lui une volonté nouvelle ; un homme eſt un être hors de Dieu, & néanmoins l’on prétend que la conduite de cet homme influe sur cet être libre & détermine néceſſairement sa volonté. Enfin nous demanderons ſi Dieu peut ne pas vouloir ce qu’il veut & ne pas faire ce qu’il fait ? Sa volonté n’eſt-elle pas néceſſitée par l’intelligence, la ſageſſe & les vues qu’on lui ſuppoſe ? Si Dieu eſt ainſi lié, il n’eſt pas plus libre que l’homme : ſi tout ce qu’il fait eſt néceſſaire, il n’eſt autre choſe que le Deſtin, la fatalité, le fatum des anciens, & les modernes n’ont point changé de Divinité, quoiqu’ils aient changé ſon nom.

On nous dira peut-être, que Dieu eſt libre,