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qu’il n’y aura que lui & le vuide. Celà poſé, je demande au Docteur Clarcke ſi la matiere exiſte, & ſi elle n’occupe pas du moins une portion de l’eſpace ? Dans ce cas la matiere ou l’univers doivent au moins exclure la Divinité, qui n’eſt point matiere, de la place que les êtres matériels occupent dans l’eſpace. Le Dieu des Théologiens ſeroit-il par hazard l’être abſtrait que l’on nomme l’eſpace ou le vuide ? Ils nous répondront que non ; & ils nous diront que Dieu qui n’eſt point matiere, pénetre la matiere. Mais pour pénétrer la matiere, il faut correſpondre à la matiere, & par conſéquent avoir de l’étendue ; or avoir de l’étendue, c’eſt avoir une des propriétés de la matiere. Si Dieu pénetre la matiere, il eſt matériel & ſe confond avec l’univers, dont il eſt impoſſible de le diſtinguer ; & par une ſuite néceſſaire Dieu ne peut jamais ſe ſéparer de la matiere ; il ſera dans mon corps, dans mon bras, &c. Ce qu’aucun Théologien ne voudra m’accorder. Il me dira que c’eſt un myſtere ; & je comprendrai par là qu’il ne ſçait où placer ſon Dieu, qui pourtant, ſelon lui, remplit tout de ſon immensité.

VII. L’être exiſtant néceſſairement eſt néceſſairement unique.

S’il n’y a rien hors d’un être qui exiſte néceſſairement, il faut qu’il ſoit unique. On voit que cette propoſition eſt la même que la précédente ; à moins que l’on ne voulut nier l’exiſtence de l’univers matériel, ou que l’on ne voulut dire avec Spinoſa, qu’il n’y a, & que l’on ne peut concevoir d’autre ſubſtance que Dieu. Præter Deum neque dari neque concipi poteſt ſubſtantia, dit ce célèbre Athée dans ſa quatorzieme propoſition.