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des spéculateurs en créant des mots & en multipliant les êtres, n’ont fait que se plonger dans des embarras plus grands que ceux qu’ils vouloient éviter, & mettre des obstacles aux progrès des connoissances : dès que les faits leur ont manqué ils ont eu recours à des conjectures, qui bientôt pour eux se sont changées en réalités, & leur imagination, que l’expérience ne guidoit plus, s’est enfoncée sans retour dans le labyrinthe d’un monde idéal & intellectuel qu’elle seule avoit enfanté, il fut presqu’impossible de l’en tirer pour la remettre dans le bon chemin dont il n’y a que l’expérience qui puisse donner le fil. Elle nous montrera que dans nous-mêmes, ainsi que dans tous les objets qui agissent sur nous, il n’y a jamais que de la matiere douée de propriétés différentes, diversement modifiée, & qui agit en raison de ses propriétés. En un mot l’homme est un tout organisé composé de différentes matieres ; de même que toutes les autres productions de la nature il suit des loix générales & connues ainsi que des loix ou des façons d’agir qui lui sont particulières & inconnues.

Ainsi lorsqu’on demandera ce que c’est que l’homme ? Nous dirons que c’est un être matériel, organisé ou conformé de maniere à sentir, à penser, à être modifié de certaines façons propres à lui seul, à son organisation, aux combinaisons particulieres des matieres qui se trouvent rassemblées en lui. Si l’on nous demande quelle origine nous donnons aux êtres de l’espece humaine ? Nous dirons que, de même que tous les autres, l’homme est une production de la nature qui leur ressemble à quelques égards & se trouve