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vient. Le tout ne peut point avoir de but, puisqu’il n’y a hors de lui rien où il puisse tendre ; les parties qu’il renferme ont un but. Si c’est en nous-mêmes que nous puisons l’idée de l’ordre, c’est encore en nous-mêmes que nous puisons celle de l’intelligence. Nous la refusons à tous les êtres qui n’agissent point à notre maniere, nous l’accordons à ceux que nous supposons agir comme nous ; nous nommons ceux-ci des agens intelligens, nous disons que les autres sont des causes aveugles, des agens inintelligens qui agissent au hazard ; mot vuide de sens que nous opposons toujours à celui d’intelligence, sans y attacher d’idée certaine.

En effet nous attribuons au hazard tous les effets dont nous ne voyons point la liaison avec leurs causes. Ainsi nous nous servons du mot hazard pour couvrir notre ignorance de la cause naturelle qui produit les effets que nous voyons par des moyens dont nous n’avons point d’idées, ou qui agit d’une maniere dans laquelle nous ne voyons point d’ordre ou de systême suivi d’actions semblables aux nôtres. Dès que nous voyons ou croyons voir de l’ordre, nous attribuons cet ordre à une intelligence, qualité pareillement empruntée de nous-mêmes & de notre façon propre d’agir & d’être affecté.

Un être intelligent c’est un être qui pense, qui veut, qui agit pour parvenir à une fin. Or pour penser, pour vouloir, pour agir à notre maniere il faut avoir des organes & un but semblables aux nôtres. Ainsi dire que la nature est gouvernée par une intelligence, c’est prétendre qu’elle est