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ni prodiges, ni merveilles, ni miracles dans la nature. Ce que nous appellons des monstres sont des combinaisons avec lesquelles nos yeux ne sont point familiarisés, & qui n’en sont pas moins des effets nécessaires. Ce que nous nommons des prodiges, des merveilles, des effets surnaturels sont des phénomènes de la nature dont notre ignorance ne connoît point les principes ni la façon d’agir, & que faute d’en connoître les causes véritables nous attribuons follement à des causes fictives, qui, ainsi que l’idée de l’ordre, n’existent que dans nous-mêmes tandis que nous les plaçons hors d’une nature au delà de laquelle il ne peut rien y avoir.

Quant à ce que l’on nomme des miracles, c’est-à-dire des effets contraires aux loix immuables de la nature ; on sent que de telles œuvres sont impossibles, & que rien ne pourroit suspendre un instant la marche nécessaire des êtres sans que la nature entière ne fût arrêtée & troublée dans sa tendance. Il n’y a de merveilles & de miracles dans la nature que pour ceux qui ne l’ont point suffisamment étudiée, ou qui ne sentent point que ses loix ne peuvent jamais se démentir dans la moindre de ses parties sans que le tout ne fût anéanti, ou du moins ne changeât d’essence & de façon d’exister[1].

L’ordre & le désordre ne sont donc que des

  1. Un miracle, selon quelques métaphysiciens, est un effet qui n’est point dû à des forces suffisantes, dans la nature. Miraculum vocamus effectum qui nullas sui vires sufficientes in natura agnoscit. Voyez Bilfinger De Beq, Anima Et Mundo. On en conclut qu’il faut chercher la cause au delà de la nature ou hors de son enceinte ; cependant la raison nous suggere que nous ne devrions point recourir à une cause surnaturelle, ou placée hors de la nature avant que de connoître parfaitement toutes les causes naturelles ou les forces que la nature renferme.