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suite d’actions ou de mouvemens, différens de ceux dont cet être se trouvoit précédemment susceptible.

Ce que nous appellons ordre dans la nature est une façon d’être ou une disposition de ses parties rigoureusement nécessaire. Dans tout autre assemblage de causes, d’effets, de forces ou d’univers que celui que nous voyons ; dans tout autre systême de matieres s’il étoit possible, il s’établiroit nécessairement un arrangement quelconque. Supposez les substances les plus hétérogènes & les plus discordantes mises en action & rassemblées ; par un enchaînement de phénomènes nécessaires, il se formera entr’elles un ordre total quelconque ; & voilà la vraie notion d’une propriété, que l’on peut définir une aptitude à constituer un être tel qu’il est en lui-même & tel qu’il est dans le tout dont il fait partie.

Ainsi, je le répéte, l’ordre n’est que la nécessité, envisagée rélativement à la suite des actions, ou la chaîne liée des causes & des effets qu’elle produit dans l’univers. Qu’est-ce en effet que l’ordre dans notre systême planétaire, le seul dont nous ayons quelque idée, sinon la suite des phénomènes qui s’opérent suivant des loix nécessaires d’après lesquelles nous voyons agir les corps qui le composent ? En conséquence de ces loix le soleil occupe le centre ; les planetes gravitent sur lui & décrivent au tour de lui en des tems réglés des révolutions continuelles. Les satellites de ces mêmes planetes gravitent sur celles qui sont au centre de leur sphere d’action, & décrivent au tour d’elles leurs routes périodiques. L’une de ces planetes, la terre que nous habitons, tourne