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pose rien hors de nous. En un mot l’ordre ne sera jamais que la faculté de nous coordonner avec les êtres qui nous environnent ou avec le tout dont nous faisons partie.

Cependant, si l’on veut appliquer l’idée de l’ordre à la nature, cet ordre ne sera qu’une suite d’actions ou de mouvemens que nous jugeons conspirer à une fin commune. Ainsi dans un corps qui se meut, l’ordre est la série, la chaîne des actions ou des mouvemens propres à le constituer ce qu’il est, & à le maintenir dans son existence actuelle. L’ordre rélativement à la nature entiere, est la chaîne des causes & des effets nécessaires à son existence active, & au maintien de son ensemble éternel. Mais, comme on vient de le prouver dans le chapitre qui précéde, tous les êtres particuliers dans le rang qu’ils occupent sont forcés de concourir à ce but ; d’où l’on est obligé de conclure que ce que nous appellons l’ordre de la nature ne peut être jamais qu’une façon d’envisager la nécessité des choses à laquelle tout ce que nous connoissons est soumis. Ce que nous appellons désordre n’est qu’un terme relatif fait pour désigner les actions ou mouvemens nécessaires par lesquels des êtres particuliers sont nécessairement altérés & troublés dans leur façon d’exister instantanée, & forcés de changer de façon d’agir ; mais aucunes de ces actions, aucuns de ces mouvemens ne peuvent un seul instant contredire ou déranger l’ordre général de la nature de laquelle tous les êtres tiennent leurs existences, leurs propriétés, leurs mouvemens particuliers. Le désordre pour un être n’est jamais que son passage à un ordre nouveau, à une nouvelle façon d’exister, qui entraîne nécessairement une nouvelle