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bordonnés, forcés de ſubir ſes loix, & de concourir à leur maniere au maintien de l’exiſtence active eſſentielle au grand tout.

Ainsi chaque être eſt un individu, qui, dans la grande famille, remplit ſa tâche néceſſaire dans le travail général. Tous les corps agiſſent ſuivant des loix inhérentes à leur propre eſſence, ſans pouvoir s’écarter un ſeul inſtant de celles ſuivant leſquelles la nature agit elle-même : force centrale à laquelle toutes les forces, toutes les eſſences, toutes les énergies ſont ſoumiſes, elle regle les mouvemens de tous les êtres ; par la néceſſité de ſa propre eſſence, elle les fait concourir de différentes manieres à ſon plan général ; & ce plan ne peut être que la vie, l’action, le maintien du tout par les changemens continuels de ſes parties. Elle remplit cet objet en les remuant les uns par les autres, ce qui établit & détruit les rapports ſubſiſtants entre eux, ce qui leur donne & leur ôte des formes, des combinaiſons, des qualités d’après leſquelles ils agiſſent pour un tems, & qui leur ſont enlevées bientôt après pour les faire agir d’une toute autre maniere. C’eſt ainſi que la nature les accroît & les altere, les augmente & les diminue, les rapproche ou les éloigne, les forme & les détruit, ſuivant qu’il eſt néceſſaire pour le maintien de ſon enſemble, vers lequel cette nature eſt eſſentiellement néceſſitée de tendre.

Cette force irréſiſtible, cette néceſſité univerſelle, cette énergie générale, n’eſt donc qu’une ſuite de la nature des choſes en vertu de laquelle tout agit ſans relâche d’après des loix conſtantes & immuables ; ces loix ne varient pas plus pour la nature totale que pour les êtres qu’elle