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ples ils ſeroient très faciles à connoître, & nous ſerions aſſurés des effets que les cauſes doivent produire, ſi leurs actions ne ſe confondoient point. Je ſçais qu’une pierre qui tombe, doit tomber perpendiculairement ; je ſcais qu’elle ſera forcée de ſuivre une route oblique ſi elle rencontre un autre corps qui change ſa direction ; mais je ne ſçais plus quelle eſt la ligne qu’elle décrira ſi elle eſt troublée dans ſa chûte par pluſieurs forces contraires qui agiſſent alternativement ſur elle : il peut ſe faire que ces forces l’obligent à décrire une ligne parabolique, circulaire, ſpirale, elliptique &c.

Les mouvemens les plus compoſés ne ſont pourtant jamais que les réſultats de mouvemens ſimples qui ſe ſont combinés ; ainſi dès que nous connoîtrons les loix générales des êtres & de leurs mouvemens, nous n’aurons qu’à décompoſer & & analyſer pour découvrir ceux qui ſont combinés ; & l’expérience nous apprendra les effets que nous pouvons en attendre : nous verrons alors que des mouvemens très ſimples ſont les cauſes de la rencontre néceſſaire des différentes matieres dont tous les corps ſont compoſés ; que ces matieres variées pour l’eſſence & les propriétés ont chacunes des façons d’agir ou des mouvemens qui leur ſont propres, & que leur mouvement total eſt la ſomme des mouvemens particuliers qui ſe ſont combinés.

Parmi les matieres que nous voyons, les unes ſont conſtamment diſpoſées à s’unir, tandis que d’autres ſont incapables d’union : celles qui ſont propres à s’unir, forment des combinaiſons plus ou moins intimes & durables, c’eſt à dire plus ou moins capables de perſévérer dans