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gland ſort peu à peu le chêne qui nous couvre de ſon feuillage ; c’eſt ainſi qu’un grain de bled, après s’être nourri des ſucs de la terre, ſert à la nourriture de l’homme, en qui il va porter les élémens ou principes dont il s’eſt accrû lui même, modifiés & combinés de la maniere qui rend ce végétal le plus propre à s’aſſimiler & ſe combiner avec la machine humaine, c’eſt-à-dire avec les fluides & les ſolides dont elle eſt compoſée.

Nous retrouvons les mêmes élémens ou principes dans la formation des minéraux, ainſi que dans leur décompoſition, ſoit naturelle ſoit artificielle. Nous voyons que des terres diverſement élaborées, modifiées & combinées ſervent à les accroître, à leur donner plus ou moins de poids & de denſité. Nous voyons l’air & l’eau contribuer à lier leurs parties ; la matiere ignée ou le principe inflammable leur donner leurs couleurs, & ſe montrer quelquefois à nud par les étincelles brillantes que le mouvement en fait sortir. Ces corps ſi ſolides, ces pierres, ces métaux ſe détruiſent & ſe dissolvent à l’aide de l’air, de l’eau & du feu, comme le prouvent l’analyſe la plus ordinaire ainſi qu’une foule d’expériences dont nos yeux ſont témoins tous les jours.

Les animaux, les plantes & les minéraux rendent au bout d’un certain tems à la nature, c’eſt à dire à la maſſe générale des choſes, au magaſin univerſel, les élémens ou principes qu’ils en ont empruntés. La terre reprend alors la portion du corps dont elle faiſoit la baſe & la ſolidité ; l’air ſe charge des parties analogues à lui même & de celles qui ſont les plus ſubtiles & légères, l’eau entraîne celles qu’elle eſt propre à diſſoudre ; le feu rompant ſes liens, ſe dégage pour aller ſe com-