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rentes propriétés que les êtres acquierent & perdent ſucceſſivement ; ce qui produit infailliblement à chaque inſtant des altérations plus ou moins marquées dans tous les corps, ceux-ci ne peuvent être rigoureuſement les mêmes dans deux inſtans ſucceſſifs de leur durée ; ils ſont à chaque moment forcés d’acquérir ou de perdre, en un mot obligés de ſubir des variations continuelles dans leurs eſſences, dans leurs propriétés, dans leurs forces, dans leurs maſſes, dans leur façons d’être, dans leurs qualités.

Les animaux, après avoir été développés dans la matrice qui convient aux élémens de leur machine, s’accroiſſent, ſe fortifient, acquierent de nouvelles propriétés, une nouvelle énergie, de nouvelles facultés, ſoit en ſe nourrissant de plantes analogues à leur être, ſoit en dévorant d’autres animaux, dont la ſubſtance ſe trouve propre à les conſerver, c’eſt-à-dire, à réparer la déperdition continuelle de quelques portions de leur propre ſubſtance qui s’en dégagent à chaque inſtant. Ces mêmes animaux ſe nourriſſent, ſe conſervent, s’accroiſſent & ſe fortifient à l’aide de l’air, de l’eau, de la terre & du feu. Privés de l’air, ou de ce fluide qui les environne, qui les preſſe, qui les pénetre, qui leur donne du reſſort, ils ceſſeroient bientôt de vivre. L’eau combinée avec cet air entre dans tout leur méchaniſme dont elle facilite le jeu. La terre leur ſert de baſe en donnant la ſolidité à leur tiſſu ; elle eſt chariée par l’air & l’eau qui la portent aux parties du corps avec lesquelles elle peut ſe combiner. Enfin le feu lui même, déguiſé sous une infinité de formes & d’enveloppes, eſt continuellement reçu dans l’animal, lui procure la chaleur & la vie & le rend propre à exercer ſes fonctions. Les