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Si l’on péſe ce principe, que l’expérience ſemble toujours conſtater, on ſera convaincu que les élémens ou matieres primitives dont les corps ſont compoſés ne ſont point de la même nature & ne peuvent par conſéquent avoir ni les mêmes propriétés, ni les mêmes modifications, ni les mêmes façons de ſe mouvoir & d’agir. Leurs activités ou leurs mouvemens, déjà différens, ſe diverſifient encore à l’infini, augmentent ou diminuent, s’accélerent ou se retardent, en raiſon des combinaisons, des proportions, du poids, de la denſité, du volume, & des matieres qui entrent dans leur compoſition. L’élément du feu eſt viſiblement plus actif & plus mobile que l’élément de la terre ; celle-ci eſt plus ſolide & plus peſante que le feu, que l’air, que l’eau : ſuivant la quantité de ces élémens qui entre dans la combinaiſon des corps, ceux-ci doivent agir diverſement, & leurs mouvemens doivent être en quelque raiſon compoſée des élémens dont ils ſont formés. Le feu élémentaire ſemble être dans la nature le principe de l’activité ; il eſt, pour ainſi dire, un levain fécond qui met en fermentation la maſſe & qui lui donne la vie. La terre paroît être le principe de la ſolidité des corps par son impénétrabilité ou par la forte liaiſon dont ſes parties sont ſuſceptibles. L’eau eſt un véhicule propre à favoriſer la combinaison des corps, dans laquelle elle entre elle-même comme partie conſtituante. Enfin l’air eſt un fluide qui fournit aux autres élémens l’eſpace né-

    être de la même eſpece il ne peut point y avoir de reſſemblance exacte entre eux. Voyez le chapitre VI. Cette vérité a été très bien ſentie par le profond & ſubtil Leibnitz. Voici comment s’explique un des ſes diſciples. Ex principio indiſcernibilium patet elementa rerum materialium ſingula ſingulis eſſe diſſimilia, adeoque unum ab altero diſtingui, convenienter omnia extra ſe invicem exiſtere, in quo differunt a punctis mathematicis cum ilia uti haec nunquam coincidere poſſint. V. Bilfinger, de deo, anima et mundo, pag. 276