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suis sans inquiétude la route nécessaire que la nature a tracée pour toi. Séme la de fleurs, si ton destin le permet ; écarte, si tu le peux, les épines qu’il y a répandues. Ne plonge point tes regards dans un avenir impénétrable ; son obscurité suffit pour te prouver qu’il est inutile ou dangereux à fonder. Pense donc uniquement à te rendre heureux dans l’existence qui t’est connue. Sois tempérant, modéré, raisonnable si tu veux te conserver ; ne sois point prodigue du plaisir, si tu cherches à le rendre durable. Abstiens-toi de tout ce qui peut nuire à toi-même & aux autres. Sois vraiment intelligent, c’est-à-dire, apprends à t’aimer, à te conserver, à remplir le but qu’à chaque instant tu te proposes. Sois vertueux, afin de te rendre solidement heureux, afin de jouir de l’affection, de l’estime & des secours des êtres que la nature a rendus nécessaires à ta propre félicité. S’ils sont injustes, rends-toi digne de t’applaudir & de t’aimer toi-même ; tu vivras content, ta sérénité ne sera point troublée ; la fin de ta carrière, exempte de remors, ainsi que ta vie, ne la calomniera point. La mort sera pour toi la porte d’une existence nouvelle dans un ordre nouveau : tu y seras soumis, ainsi que tu l’es à présent aux loix éternelles du destin, qui veut que pour vivre heureux ici bas tu fasses des heureux. Laisse toi donc entraîner doucement par la nature, jusqu’à ce que tu t’endormes paisiblement dans le sein qui t’a fait naître.

Pour toi, méchant infortuné ! Qui te trouves sans cesse en contradiction avec toi-même ! Machine désordonnée, qui ne peux t’accorder ni avec ta nature propre ni avec celle de tes associés ! Ne crains pas dans une autre vie le châtiment de