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cessité envisagée sous différens points de vue. Nous avons trouvé que l’ordre est une suite nécessaire de causes & d’effets dont nous voyons ou nous croyons voir l’ensemble, la liaison & la marche, & qui nous plaît, lorsque nous la trouvons conforme à notre être. Nous avons vu pareillement que ce que nous appellons désordre est une suite d’effets & de causes nécessaires que nous jugeons défavorables à nous-mêmes ou peu convenables à notre être. L’on a désigné sous le nom d’intelligence la cause nécessaire qui opéroit nécessairement la suite des événemens que nous comprenons sous le nom d’ordre. On a nommé divinité la cause nécessaire & invisible qui mettoit en action une nature où tout agit suivant des loix immuables & nécessaires. On a nommé destinée ou fatalité la liaison nécessaire des causes & des effets inconnus que nous voyons dans ce monde ; on s’est servi du mot hazard pour désigner les effets que nous ne pouvons pressentir ou dont nous ignorons la liaison nécessaire avec leurs causes. Enfin l’on a nommé facultés intellectuelles & morales les effets & les modifications nécessaires de l’être organisé, que l’on a supposé remué par un agent inconcevable, que l’on a cru distingué de son corps ou d’une nature différente de la sienne, que l’on a désigné sous le nom d’ ame.

En conséquence l’on a cru cet agent immortel & non dissoluble comme le corps. Nous avons fait voir que le dogme merveilleux de l’autre vie n’est fondé que sur des suppositions gratuites, démenties par la réflexion. Nous avons prouvé que cette hypothèse est non seulement inutile aux mœurs des hommes mais encore qu’elle n’est propre qu’à les engourdir, à les détourner du soin de