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c’est-à-dire, avoit la faculté de se mouvoir d’elle-même, & jouissoit du pouvoir d’agir indépendamment des impulsions que ses organes recevoient des objets qui sont hors d’eux ; on prétendit qu’elle pouvoit résister à ces impulsions, & sans y avoir d’égard, suivre les directions qu’elle se donnoit à elle-même par sa propre énergie ; en un mot on soutint que l’ame étoit libre, c’est-à-dire, avoit le pouvoir d’agir sans être déterminée par aucune force extérieure.

Ainsi cette ame, que l’on avoit supposée d’une nature différente de tous les êtres que nous connoissons dans l’univers, eut aussi une façon d’agir à part ; elle fut, pour ainsi dire, un point isolé qui ne fut point soumis à cette chaîne non interrompue de mouvemens, que, dans une nature dont les parties sont toujours agissantes, les corps se communiquent les uns aux autres. épris de leurs notions sublimes, ces spéculateurs ne virent point qu’en distinguant l’ame du corps & de tous les êtres que nous connoissons, ils se mettoient dans l’impossibilité de s’en former une idée vraie ; ils ne voulurent point s’appercevoir de l’analogie parfaite qui se trouvoit entre sa manière d’agir & celle dont le corps étoit affecté, non plus que de la correspondance nécessaire & continuelle qui se trouvoit entre l’ame & lui. Ils refusèrent de voir que semblable à tous les corps de la nature, elle étoit sujette à des mouvemens d’attraction & de répulsion, dûs aux qualités inhérentes aux substances qui mettent ses organes en action ; que ses volontés, ses passions, ses desirs n’étoient jamais qu’une suite de ces mouvemens, produits par des objets physiques, qui ne sont nullement en son pouvoir ; & que ces objets la rendoient heureuse