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finira par voler, surtout s’il n’a point appris à respecter la propriété des êtres qui l’environnent. Le sauvage & l’enfant sont précisément dans le même cas ; c’est nous qui rendons l’un & l’autre méchans. Le fils d’un grand apprend dès l’enfance à désirer le pouvoir, il devient un ambitieux dans l’ âge mûr, & s’il a le bonheur de s’insinuer dans la faveur, il deviendra méchant, & le sera impunément. Ce n’est donc point la nature qui fait des méchans, ce sont nos institutions qui déterminent à l’être. L’enfant élevé parmi des brigands ne peut devenir qu’un malfaiteur ; s’il eût été élevé parmi des honnêtes gens il fût devenu un homme de bien.

Si nous cherchons la source de l’ignorance profonde où nous sommes de la morale & des mobiles qui peuvent influer sur les volontés des hommes, nous la trouverons dans les idées fausses que la plûpart des spéculateurs se sont faites de la nature humaine. C’est pour avoir fait l’homme double ; c’est pour avoir distingué son ame de son corps ; c’est pour avoir tiré son ame du domaine de la physique, afin de la soumettre à des loix fantastiques émanées des espaces imaginaires ; c’est pour l’avoir supposée d’une nature différente en tout des êtres connus, que la science des mœurs est devenue une énigme impossible à deviner. Ces suppositions ont donné lieu de lui attribuer une nature, des façons d’agir, des propriétés totalement différentes de celles que l’on voit dans tous les corps. Des métaphysiciens s’en emparèrent & à force de subtiliser ils la rendirent totalement méconnoissable. Ils ne se sont point apperçus que le mouvement étoit essentiel à l’ame ainsi qu’au corps vivant ; ils n’ont point vu que les besoins de l’une