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fets ; ils avoient lieu de ſe convaincre dans le choc des corps qu’ils pouvoient obſerver, & par les loix connues du mouvement, que celui-ci se communiquoit toujours en raiſon de la denſité des corps, d’où ils auroient dû naturellement inférer que la denſité de la matiere ſubtile ou éthérée, étant infiniment moindre que celle des planetes, ne pouvoit leur communiquer qu’un très foible mouvement.

Si l’on eût obſervé la nature ſans préjugé, on ſe ſeroit depuis longtems convaincu que la matiere agit par ſes propres forces, & n’a beſoin d’aucune impulſion extérieure pour être miſe en mouvement : on ſe ſeroit apperçu que toutes les fois que des mixtes ſont mis à portée d’agir les uns ſur les autres, le mouvement s’y engendre ſur le champ, & que ces mêlanges agiſſent avec une force capable de produire les effets les plus ſurprenans. En mêlant enſemble de la limaille de fer, du ſoufre & de l’eau ; ces matieres ainſi miſes à portée d’agir les unes ſur les autres, s’échauffent peu à peu & finiſſent par produire un embraſement. En humectant de la farine avec de l’eau & renfermant ce mêlange, on trouve au bout de quelque tems à l’aide du microscope qu’il a produit des êtres organiſés qui jouiſſent d’une vie dont on croyoit la farine & l’eau incapables. [1] C’eſt ainſi que la matiere

  1. Voyez les obſervations microscopiques de M. Néedham, qui confirment pleinement ce ſentiment. Pour un homme qui réfléchit, la production d’un homme, indépendamment des voies ordinaires, ſeroit-elle donc plus merveilleuſe que celle d’un inſecte avec de la farine & de l’eau ? La fermentation & la putréfaction produiſent viſiblement des animaux vivants. Le génération que l’on a nommée Equivoque ne l’eſt que pour ceux qui ne ſe ſont pas permis d’obſerver attentivement la nature. Note ajoutée.