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CHAPITRE XVII

Des idées vraies ou fondées sur la nature sont les seuls remèdes aux maux des hommes. Récapitulation de cette première partie. Conclusion.


Toutes les fois que nous cessons de prendre l’expérience pour guide nous tombons dans l’erreur. Nos erreurs deviennent encore plus dangereuses & plus incurables lorsqu’elles ont pour elles la sanction de la religion ; c’est alors que nous ne consentons jamais à revenir sur nos pas ; nous nous croyons intéressés à ne plus voir, à ne plus nous entendre, & nous supposons que notre bonheur exige que nous fermions les yeux à la vérité. Si la plupart des moralistes ont méconnu le cœur humain ; s’ils se sont trompés sur ses maladies & sur les remèdes qui pouvoient lui convenir ; si les remèdes qu’ils lui ont administrés ont été inefficaces ou même dangereux, c’est qu’ils ont abandonné la nature, ils ont résisté à l’expérience, ils n’ont osé consulter leur raison, ils ont renoncé au témoignage de leurs sens, ils n’ont suivi que les caprices d’une imagination éblouie par l’enthousiasme ou troublée par la crainte ; ils ont préféré les illusions qu’elle leur montroit aux réalités d’une nature qui ne trompe jamais.

C’est faute d’avoir voulu sentir qu’un être intelligent ne peut point perdre un instant de vue sa propre conservation, son intérêt réel ou fictif,