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un mot par toutes les institutions qu’on lui fit adopter, sous prétexte de rendre son sort plus doux. L’on ne peut trop le répéter ; c’est dans l’erreur que nous trouverons la vraie source des maux dont la race humaine est affligée ; ce n’est point la nature qui la rendit malheureuse ; ce n’est point un dieu irrité qui voulut qu’elle vécût dans les larmes ; ce n’est point une dépravation héréditaire qui a rendu les mortels méchans & malheureux ; c’est uniquement à l’erreur que sont dûs ces effets déplorables.

Le souverain bien, tant cherché par quelques sages, & par d’autres annoncé avec tant d’emphase, ne peut être regardé que comme une chimere, semblable à cette panacée merveilleuse que quelques adeptes ont voulu faire passer pour le remède universel. Tous les hommes sont malades, la naissance les livre aussitôt à la contagion de l’erreur ; mais chacun d’eux, par une suite de son organisation naturelle & de ses circonstances particulières en est diversement affecté. S’il est un remède général que l’on puisse appliquer aux maladies diversifiées & compliquées des hommes, il n’en est qu’un, sans doute, & ce remède est la vérité, qu’il faut puiser dans la nature.

à la vue des erreurs qui aveuglent le plus grand nombre des mortels, & qu’ils sont forcés du sucer avec le lait ; à la vue des désirs dont ils sont perpétuellement agités, des passions qui les tourmentent, des inquiétudes qui les rongent, des maux tant physiques que moraux qui les assiégent de toutes parts, on seroit tenté de croire que le bonheur n’est point fait pour ce monde, & que ce seroit une entreprise vaine que de vou-