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désirons, pour les opinions que nous embrassons, pour les actions dont nous jugeons ; nous sommes les dupes de nos préjugés toutes les fois que nous cessons de nous servir de cette mesure pour régler nos jugemens. Nous ne risquerons jamais de nous tromper lorsque nous examinerons qu’elle est l’utilité réelle qui résulte pour notre espèce des religions, des loix, de toutes les institutions, les inventions & les actions des hommes.

Un coup d’œil superficiel peut souvent nous séduire ; mais des expériences réfléchies nous raménent à la raison, qui ne peut nous tromper. Elle nous apprend que le plaisir est un bonheur momentané, mais que souvent il devient un mal ; que le mal est une peine passagère qui souvent devient un bien ; elle nous fait connoître la vraie nature des objets & pressentir les effets que nous pouvons en attendre ; elle nous fait distinguer les penchans auxquels notre bien-être nous permet de nous livrer, de ceux à la séduction desquels nous devons résister. Enfin elle nous convaincra toujours que l’intérêt des êtres intelligens, amoureux de leur bonheur & qui désirent de rendre leur existence heureuse, veut que l’on détruise pour eux tous les phantômes, les chimeres & les préjugés qui mettent des obstacles à leur félicité dans ce monde.

Si nous consultons l’expérience nous verrons que c’est dans des illusions & des opinions sacrées que nous devons chercher la source véritable de cette foule de maux dont nous voyons par-tout le genre-humain accablé. L’ignorance des causes naturelles lui créa des dieux ; l’imposture les ren-