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la plus vive & l’ambition la plus vaste. Les rois ne sont les plus heureux des hommes que parce qu’ils ont la faculté de faire un plus grand nombre d’heureux & de multiplier ainsi les causes du contentement légitime d’eux-mêmes.

Ces avantages de la puissance souveraine sont partagés par tous ceux qui contribuent au gouvernement des états. Ainsi la grandeur, le rang, le crédit sont des objets désirables pour ceux qui connoissent les moyens de les faire servir à leur propre félicité ; ils sont inutiles à ces hommes médiocres qui n’ont ni l’énergie ni la capacité de les employer d’une façon avantageuse pour eux-mêmes ; ils sont détestables, lorsque pour les obtenir on compromet son bonheur & celui de la société : celle-ci est dans l’erreur, toutes les fois qu’elle respecte des hommes qui n’employent qu’à sa destruction une puissance qu’elle ne doit approuver que lorsqu’elle en recueille les fruits.

Les richesses, inutiles à l’avare qui n’en est que le triste géolier, nuisibles au débauché, à qui elles ne procurent que des infirmités, des ennuis, des dégoûts, peuvent mettre dans les mains de l’homme de bien mille moyens d’augmenter la somme de son bonheur ; mais avant de désirer les richesses il faut sçavoir en user ; l’argent n’est que le signe représentatif du bonheur ; en jouir, s’en servir pour faire des heureux, voilà la réalité. L’argent, d’après les conventions des hommes, procure tous les biens que l’on puisse désirer ; il n’en est qu’un seul qu’il ne procure point, c’est celui d’en sçavoir user. Avoir de l’argent sans sçavoir en jouir, c’est posséder la clef d’un palais commode dont on s’interdit l’entrée ; le prodi-