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ment concevoir la façon dont notre odorat eſt frappé par des émanations échappées des corps les plus compacts dont toutes les parties nous paroſſent en repos ? Enfin nos yeux verroient ils à l’aide d’un Télescope les aſtres les plus éloignés de nous, s’il n’y avoit un mouvement progreſſif depuis ces aſtres juſqu’à notre rétine ?

En un mot l’obſervation réfléchie doit nous convaincre que tout dans la nature eſt dans un mouvement continuel ; qu’il n’est aucune de ſes parties qui ſoit dans un vrai repos ; enfin que la nature eſt un tout agiſſant, qui ceſſeroit d’être nature ſi elle n’agiſſoit pas, ou dans laquelle, ſans mouvement, rien ne pouroit ſe produire, rien ne pourroit ſe conſerver, rien ne pourroit agir. Ainſi l’idée de la nature renferme néceſſairement l’idée du mouvement. Mais, nous dira-t-on, d’où cette nature a-t-elle reçu ſon mouvement ? nous répondrons que c’eſt d’elle même, puiſqu’elle eſt le grand tout, hors duquel conſéquemment rien ne peut exiſter. Nous dirons que le mouvement eſt une façon d’être qui découle néceſſairement de l’eſſence de la matiere ; qu’elle ſe meut par ſa propre énergie ; que ſes mouvemens ſont dûs aux forces qui lui sont inhérentes ; que la variété de ſes mouvemens & des phénomenes qui en réſultent viennent de la diverſité des propriétés, des qualités, des combinaiſons qui ſe trouvent originairement dans les différentes matieres primitives dont la nature eſt l’aſſemblage.

Les Phyſiciens, pour la plupart, ont regardé comme inanimés ou comme privés de la faculté de ſe mouvoir les corps qui n’étoient mus