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nous paroît dans le repos, il y a pourtant une action & une réaction continuelles, des efforts conſtants, des réſiſtances & des impulſions non interrompues, en un mot des niſus, par leſquels les parties de ces corps ſe preſſent les unes les autres, ſe réſiſtent réciproquement, agiſſent & réagiſſent ſans ceſſe, ce qui les retient enſemble & fait que ces parties forment une maſſe, un corps, une combinaiſon dont l’enſemble nous paroît en repos, tandis qu’aucunes de leurs parties ne ceſſe d’être réellement en action ? Les corps ne paroiſſent en repos que par l’égalité de l’action des forces qui agiſſent en eux.

Ainsi les corps même qui ſemblent jouir du plus parfait repos reçoivent pourtant réellement, ſoit à leur ſurface ſoit à leur intérieur des impulſions continuelles de la part des corps qui les entourent, ou de ceux qui les pénetrent, qui les dilatent, qui les raréfient, les condenſent, enfin de ceux même qui les composent ; par là les parties de ces corps ſont réellement dans une action & une réaction ou dans un mouvement continuel, dont les effets ſe montrent à la fin par des changemens très marqués. La chaleur dilate & raréfie les métaux, d’où l’on voit qu’une barre de fer, par les ſeules variations de l’atmosphère, doit être dans un mouvement continuel, & qu’il n’eſt point en elle de particule qui jouiſſe un inſtant d’un vrai repos. En effet dans des corps durs, dont toutes les parties ſont rapprochées & contigues, comment concevoir que l’air, que le froid & le chaud puiſſent agir ſur une ſeule de leurs parties, même extérieures, ſans que le mouvement ſe communique de proche en proche juſqu’à leurs parties les plus intimes ? Comment ſans mouve-