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c’eſt-à-dire qui n’ont point un certain rapport avec lui.

Tout eſt en mouvement dans l’univers. L’eſſence de la nature eſt d’agir ; & ſi nous conſidérons attentivement ſes parties, nous verrons qu’il n’en eſt pas une ſeule qui jouiſſe d’un repos abſolu ; celles qui nous paroiſſent privées de mouvement ne ſont dans le fait que dans un repos relatif ou apparent ; elles éprouvent un mouvement ſi imperceptible & ſi peu marqué que nous ne pouvons appercevoir leurs changemens. [1] Tout ce qui nous ſemble en repos ne reſte pourtant pas un instant au même état : tous les êtres ne font continuellement que naître, s’accroître, décroître & ſe diſſiper avec plus ou moins de lenteur ou de rapidité. L’inſecte éphémere naît & périt le même jour : parconſéquent il éprouve très promptement des changemens conſidérables dans ſon être. Les combinaiſons formées par les corps les plus ſolides & qui paroiſſent jouir du plus parfait repos ſe diſſolvent & ſe décompoſent à la longue ; les pierres les plus dures ſe détruiſent peu à peu par le contact de l’air ; une maſſe de fer, que nous voyons rouillée & rongée par le tems, a dû être en mouvement depuis le moment de ſa formation dans le ſein de la terre, juſqu’à celui où nous la voyons dans cet état de diſſolution.

Les Phyſiciens, pour la plupart, ne ſemblent point avoir aſſez réfléchi ſur ce qu’ils ont appellé

  1. Cette vérité, dont tant de ſpéculateurs affectent encore de douter, a été portée juſqu’à la démonſtration dans un ouvrage du célebre Toland, qui parut en Anglais au commencement de ce ſiecle ſous le titre de letters to ſerena ; ceux qui entendent cette langue pourront le conſulter en cas qu’il leur reſtât encore quelques doutes là deſſus. Note ajouté.